[nicofromtheblock] Mes critiques en 2013

[Alegas]

END OF WATCH
David Ayer - 2012
7,5/10

Ayant un souvenir assez mitigé de Bad times, j’ai découvert ce nouveau film de David Ayer avec une certaine réserve malgré les bonnes critiques lues à droite à gauche. Et finalement, j’ai vraiment kiffé le film ! Il faut dire que le réalisateur a un goût prononcé pour les flics borderline or ici, le duo de héros est plutôt normal.

Le premier quart d’heure en "found footage" m’a fait un peu peur. Heureusement, ce type de prise de vue devient rapidement secondaire et sert juste à apporter une petit touche supplémentaire de réalisme sans devenir saoulant. Le réalisateur opte donc pour une mise en scène caméra à l’épaule assez énergique appuyée par un bon travail de montage qui rend le tout digeste. Du coup, il y a une véritable énergie qui se dégage du métrage et qui fait qu’on reste accroché du début à la fin.

Nous plongeant dans le quotidien d’un duo de flics dans les rues de Los Angeles, le réalisateur arrive à nous tenir en haleine grâce à ces interventions sous haute tension dans les quartiers chauds. Et en même temps, il arrive à rendre son film touchant en développant cette relation fraternelle entre les 2 héros. Passant leurs journées à patrouiller en se racontant des anecdotes personnelles, on apprend à mieux les connaitre et on découvre progressivement une sorte de code d’honneur qui les lie l’un à l’autre. C’est ces personnages attachants qui font que j’ai d’avantage accroché qu’à Bad times et ses personnages antipathiques.

Jake Gyllenhaal et Michael Pena sont impeccables dans les rôles de Brian et Mike, ce duo de potes qui se fait une confiance aveugle. Gyllenhaal a toujours un sacré charisme et Pena a enfin le droit à un rôle à la hauteur de son talent. Dans les rôles des petites amies, Anna Kendrick et Natalie Martinez assurent l’essentiel même si on ne les voit pas beaucoup à l’écran. Et Franck Grillo a toujours la classe dans le rôle du chef de la brigade. Par contre, j’aurais aimé voir d’avantage l’autre duo de flics : America Ferrera (qui réussit à faire oublier son rôle dans Ugly Betty) et Cody Horn (en fliquette rigide à la Kristanna Loken dans Terminator 3). Je kifferai trop une suite où elles tiendraient les rôles principaux !

Au final, David Ayer nous livre un nouveau film policier ponctué de scènes bien nerveuses mais il s’oriente aussi vers le "buddy movie" avec cette histoire d’amitié qui rend la fin très émouvante. Et puis, il faut voir les 2 lascars patrouiller dans les rues de L.A sur du Public Enemy pour mesurer la "coolitude" du film !

[Jimmy Two Times]

Ta dernière phrase suffit à me convaincre!

[Alegas]

BLANCANIEVES
Pablo Berger - 2012
7/10

Après le succès de The artist, voici un nouveau film qui rend hommage à l’âge d’or du cinéma muet. Le réalisateur espagnol Pablo Berger reprend le conte de Blanche Neige et le transpose dans l’Espagne des années 20. On y suit la belle Carmen, fille d’un grand toréador qui, suite à une perte de mémoire, va faire la rencontre d’une troupe de nains toreros. Cette nouvelle vie va peu à peu faire remonter à la surface de vieux souvenirs de son enfance et de sa belle-mère …

Servi par une superbe photographie de Kiko de la Rica, le réalisateur prend soin de choisir chacun de ses cadres avec minutie pour nous offrir de véritables tableaux esthétiquement parfaits. Par sa mise en scène simple et soignée, il rend le plus bel hommage qu’il soit au cinéma muet et au cinéma de Todd Browning en particulier. En effet, par son esthétique et ses thématiques, le film rappelle beaucoup son chef d’œuvre Freaks. La seule chose que je pourrais reprocher au film, c’est sa musique : bien qu’elle colle au thème, cette musique de corrida a fini par me saouler au bout d’un moment.

Côté interprétation, la belle Macarena Garcia est parfaite dans le rôle titre. La bonté et la fragilité de son personnage se lit sur son visage et on lui donnerait le bon Dieu sans confession. Quant à Maribel Verdu, elle est également très convaincante dans le rôle de la belle-mère acariâtre. Le réalisateur se permet pas mal de liberté par rapport à l’histoire originale, ce qui donne droit à une fin à la fois cruelle et profondément romantique. Ici, point de prince charmant mais un nain amoureux de la belle qui n’arrivera jamais à la réveiller. Le film se finit d’ailleurs sur un superbe plan similaire à celui d’un autre film sorti la même semaine : une larme qui roule sur la joue de l’héroïne.

Au final, Pablo Berger nous livre un parfait hommage au cinéma de Browning avec ce beau conte sortant des sentiers battus. Avec le recul, je trouve que ce film est une bien plus belle réussite que The artist mais malheureusement, il n’aura pas la même carrière.

[Count Dooku]

La référence à Browning me parle particulièrement, voilà un film qu'il faudra que je découvre.
On retrouvait déjà l'influence de Browning dans un autre film espagnol, Balada Triste, que j'ai bien apprécié en dépit de quelques faiblesses.

[Alegas]

Avec le recul, je trouve que ce film est une bien plus belle réussite que The artist mais malheureusement, il n’aura pas la même carrière.

Et le pire, c'est que le projet est bien antérieur à The Artist donc pour le coup le mérite est double.

[Moviewar]

Super critique de Blancanieves ! J'ai également beaucoup apprécié !

[francesco34]

Oui moi aussi j'ai bcp aimé ce Blancanieves.
Mais même si il utilise le muet, je trouve la mise en scène très moderne, avec pas mal de plans en caméra portée qui n'auraient jamais existé à l'époque du muet. Une des très bonnes surprises de ce début d'année.

[nicofromtheblock]

EMPIRE RECORDS
Allan Moyle - 1995
7/10

5 ans après Pump up the volume qui traitait déjà de l’entrée dans l’âge adulte, Allan Moyle nous livre un "feel good movie" sur un magasin de disques indépendant et son jeune personnel. On y suit donc une bande de jeunes adultes qui allient leur passion pour la musique avec une première expérience professionnelle dans une ambiance bon enfant.

Le réalisateur opte volontairement pour un ton léger et on prend plaisir à suivre cette journée de boulot aux côtés des personnages. Même si cette ambiance idyllique parait peu probable en vrai, on se prend à y croire. Mais cela n’empêche pas chaque personnage d’avoir ses petits soucis : Lucas a perdu la recette de la veille aux jeux en essayant de sauver le magasin du rachat, Debra a fait une tentative de suicide suite à une déception amoureuse, Corey est encore vierge et aimerait bien passer le pas avant de partir à la fac, A.J. est amoureux de Corey mais n’ose pas lui avouer, … Mais tous ces éléments dramatiques sont traités avec optimisme et on ne perd jamais son sourire devant le film.

Côté interprétation, on a le droit à un joli casting. A commencer par Anthony LaPaglia en patron super cool dont tout le monde rêverait. Rory Cochrane joue le chouchou du patron qui prend tout à la légère, Liv Tyler est la jeune intello, prude et encore vierge, Renée Zellweger est sa meilleure amie, sexy et allumeuse, Robin Tunney joue la rebelle suicidaire qui se rase la tête dès sa première apparition à l’écran et enfin Ethan Embry est un jeune homme un peu déjanté qui rêverait de faire partie d’un groupe de rock. Ils semblent tous s’en donner à cœur joie dans ce film de potes à la bonne humeur communicative. A noter également la prestation de Maxwell Caulfield en chanteur has-been qui vient la promo de son album et dont tout le monde se moque.

Etant donné le contexte du film, il est évident que la musique y tient une bonne place et on a le droit à une BO 90’s plutôt éclectique : AC/DC, Suicidal Tendencies, The Cranberries, Edwyn Collins, Dishwalla, Dire Straits, The Buggles, … Et le film en profite pour apporter sa touche de nostalgie sur l’évolution du monde musical : la fin du vinyle au profit du CD, la fin des petits disquaires au profit des grandes franchises. Du coup, le film est bien encré dans son époque et les trentenaires se reconnaîtront dans cet aspect nostalgique d’une époque révolue.

[caducia]

Je vais le tenter celui-là, besoin d'un feel Good movie.

[nicofromtheblock]

PROF POIDS LOURD
Frank Coraci - 2012
6/10

Tout d’abord, je dois dire que le titre français est un peu nase mais il ne faut pas s’arrêter à ça. Après avoir fait une comédie sur le football américain avec Waterboy, Frank Coraci s’attaque cette fois-ci aux mixed martial arts. Il y retrouve le petit protégé d’Adam Sandler qu’il avait déjà dirigé sur le très moyen Zookeeper : Kevin James qui est également co-scénariste du film.

C’est quand même un pari risqué de faire une comédie familiale sur un des sports les plus violents qui soit ! Mais le résultat est plutôt honorable. On évite la comédie débile ou grasse et on obtient un film quasi-familial sur un sujet qui ne l’est pas du tout. Le film suit donc l’histoire d’un prof de sciences qui cherche à gagner de l’argent pour sauver le poste de son meilleur ami, prof de musique, menacé par des coupes budgétaires. Lorsqu’il fait la connaissance d’un ancien combattant de MMA aux cours du soir qu’il dispense, il voit là une opportunité de se faire de l’argent facilement : même les perdants gagnent de l’argent. Le voilà donc embarqué dans un sport qu’il connait à peine mais il va peu à peu se prendre au jeu.

Le scénario est très gentillet et sans surprise avec cette progression du héros qui commence sans objectif et qui va progressivement gagner des combats et faire le buzz avec son statut de prof au grand cœur. Il y a également l’histoire d’amour annexe avec la jolie prof qui lui a toujours mis des râteaux mais qu’il peut enfin essayer d’impressionner. Mais, au moins, le film ne se veut jamais moralisateur et présente une jolie histoire d’amitié entre ces 2 profs interprétés par Kevin James et Henry Winkler.

Mais le gros point positif du film, c’est les combats. Alors, ça n’est pas aussi bien filmé que Warrior mais j’ai presque envie de dire que les scènes de combats sont plus crédibles. Il faut dire que le film est soutenu par l’UFC et qu’on y retrouve d’ailleurs pas mal de guests : Joe Rogan, Bruce Buffer, Herb Dean, Chael Sonnen, … Les fans de MMA ne seront pas dépaysés !

Au final, on obtient une comédie simpliste mais qui remplit quand même son contrat. Kevin James est convaincant et les adeptes de MMA ne devraient pas trop s’ennuyer. Et en bonus, on a le droit à une bonne chanson de P.O.D. qui donne son titre au film.

[osorojo]

En bon fan de MMA, tu me titilles avec ta critique, même si j'ai quand même peur de rester hermétique au côté comique de l'ensemble. Mais ça me donnerait bien envie d'essayer quand même

[nicofromtheblock]

Si tu veux te mater une petite comédie pas prise de tête pour te détendre, ce film est parfait.

[nicofromtheblock]

HAPPINESS THERAPY
David O. Russell - 2012
7/10

Après s’être essayé au film de guerre avec Les rois du desert, au film de sport avec The fighter et à la comédie plus ou moins loufoque avec Flirter avec les embrouilles et le mal aimé I ♥ Huckabees (qui mérite pourtant le détour), David O. Russell explore cette fois-ci la comédie romantique au fort accent indépendant.

Le film suit donc 2 personnages fragilisés par la vie : lui est bipolaire et sort tout juste de l’hôpital psychiatrique qu’il a intégré suite à un pétage de plombs avec son ex, elle est fraîchement veuve et couche avec tous les hommes qu’elle rencontre par culpabilité. Le film est donc construit comme un parcours initiatique où leur rencontre va leur permettre de se reconstruire progressivement, d’abord en tant qu’amis puis en tant que couple potentiel.

Bradley Cooper y tient incontestablement son meilleur rôle loin des Very bad trip et autre Limitless où on lui demandait juste de jouer le beau gosse. Ici, il interprète avec justesse un personnage torturé et névrosé qui fait une fixation sur son ex et qui entretient une relation difficile avec son père. Jennifer Lawrence confirme également son talent dans un registre moins dramatique que Winter’s bone qui l’avait révélée. Son personnage à l’apparence insouciante possède également ses névroses. Et il faut dire qu’elle sait parfaitement jouer de ses charmes ! Quant à Robert De Niro, il y va également de son rôle touchant de père atteint de TOC qui tente tant bien que mal de renouer une relation avec son fils.

Les acteurs y sont pour beaucoup mais il faut avouer que le scénario est particulièrement bien écrit dans son étude comportementale des personnages. De plus, c’est une bonne idée d’avoir intégré l’histoire à un fond sportif qu’on retrouve dans le titre original. Entre Pat Sr. qui est bookmaker et fan de football américain et Tiffany qui pratique la danse et pousse Pat à participer à un concours, l’évolution du film prend un sens métaphorique : les relations humaines sont comparées à un véritable sport dans lequel il faut surmonter ses peurs pour atteindre le bonheur.

Quant à la fin, même si elle joue à fond la carte du happy end, j’ai bien aimé le fait que le réalisateur ne joue pas avec le spectateur en instaurant un faux suspens et nous livre directement les indices nous permettant de deviner ce qu’il va se passer. Du coup, le happy end n’arrive pas comme un cheveu sur la soupe comme c’est souvent le cas dans les comédies romantiques. Là encore, c’est le travail d’écriture qui fait la différence.

Au final, David O. Russell nous livre un joli drame sur les relations humaines qui tourne progressivement à la comédie romantique. L’histoire est très classique mais grâce à une écriture subtile et une mise en scène qui sort un peu des sentiers battus, le résultat est un cran au-dessus des autres films du genre.

[nicofromtheblock]

AFTER
Géraldine Maillet - 2012
6/10

J’ai découvert ce film à une séance suivie d’une rencontre avec la réalisatrice Géraldine Maillet et l’actrice Julie Gayet. Je dois dire que là où les autres spectateurs semblent avoir perçu une grande originalité, j’ai trouvé que ce film souffrait de la comparaison avec le dyptique de Richard Linklater : Before sunrise / Before sunset (bientôt triptyque avec Before midnight qui doit sortir cette année).

Le film nous raconte donc la rencontre d’un homme et d’une femme dans un petit restaurant parisien et la nuit qu’ils vont passer à faire connaissance en se promenant dans les rues de Paris. Le film a le mérite de nous présenter la capitale autrement que par l’image qu’on s’en fait sur les cartes postales : pas de tour Effel ou de Champs-Elysées mais des petites rues pittoresques qui nous plongent dans le quotidien d’un parisien moyen.

Comme c’était le cas pour les films de Richard Linklater, le film repose avant tout sur l’alchimie entre les 2 comédiens. Julie Gayet et Raphaël Personnaz s’en sortent parfaitement bien et arrivent à nous faire faire abstraction de leur différence d’âge (il faut dire que Julie Gayet ne fait pas du tout son âge). L’un comme l’autre sont d’un grand naturel et leur jeu de séduction respectif fonctionne à merveille. Il sera facile pour le public de s’identifier à l’un ou l’autre des personnages et de se laisser charmer.

Niveau réalisation, Géraldine Maillet livre ici son premier long métrage et on lui sent déjà un certain talent pour mettre en place une ambiance romantique. Après, quand on apprend que In the mood for love faisait partie de ses films de référence, on s’aperçoit qu’il y a encore du chemin à parcourir pour se rapprocher de ce chef d’œuvre. De même, là où Richard Linklater avait joué la carte des plans-séquences pour planter son film dans une temporalité proche du temps réel, la réalisatrice reconnait avoir dû découper son film plus qu’elle ne le voulait et n’a gardé que 2 scènes en plan-séquence. Enfin, j’ai trouvé que la dernière scène n’avait pas lieu d’être : la réalisatrice voulait une fin ouverte mais elle aurait très bien pu finir son film à la séquence d’avant lorsque la jeune femme rentre chez elle.

Pour finir, la photographie du film est quand même soignée et met bien en valeur ces petites rues parisiennes filmées de nuit. Et puis, les choix musicaux sont intéressants : elle a choisi un titre de Doctor Flake qui revient de façon régulière dans le film, en particuliers dans les scènes où le couple se déplace en scooter. Ce morceau electro participe bien à l’ambiance fantasmatique de cette rencontre platonique d’une nuit.

Au final, ce premier film est assez prometteur. Servi par un bon duo d’acteurs, on suit cette histoire d’une nuit avec un certain intérêt. Par contre, pour ce qui est de l’originalité, il faudra repasser : Linklater a déjà fait la même chose en mieux !

[nicofromtheblock]

CELESTE & JESSE FOREVER
Lee Toland Krieger - 2012
7/10

Voici un film au casting alléchant pour tout fan de comédie US ! Rashida Jones (Parks & recreation) et Andy Samberg (Saturday Night Live) dans une comédie romantique : j’étais conquis d’avance. Sauf que le film n’a de romantique que le titre.

La première demi-heure joue clairement dans le registre de la comédie avec ce couple collé l’un à l’autre qui semble en parfaite harmonie avant que l’on découvre après un quart d’heure de film qu’ils sont séparés et en instance de divorce. Après quelques quiproquos où chacun n’arrive pas à avouer ses sentiments à l’autre (peur d’être rejeté), le film prend une tournure plus dramatique. Essayant de tourner la page chacun de leur côté, Céleste et Jesse en arrivent à se reprocher l’un à l’autre leurs échecs sentimentaux allant jusqu’à se détester.

En plus de tenir le rôle principal, Rashida Jones est également co-scénariste et on la sent vraiment impliquée à 100% dans son personnage. Son alchimie avec Andy Samberg fonctionne particulièrement bien et celui-ci prouve qu’il a un jeu bien plus varié que le simple comique de situation. A leur côté, les seconds rôles s’en sortent bien également : Ari Graynor et Eric Christian Olsen jouent un couple d’amis proche du couple, Chris Messina joue le nouveau prétendant de Céleste, Elijah Wood joue son boss et enfin Emma Roberts est vraiment pas mal en star de la pop.

Côté mise en scène, c’est le troisième film de Lee Toland Krieger habitué aux petits films indépendants inédits en France. Ça reste une réalisation très fonctionnelle mais il arrive à trouver le ton juste entre comédie romantique et cinéma indépendant. De plus, le film nous offre un faux happy end à la (500) jours ensemble et évite donc les traditionnels clichés du genre.

Au final, voici un joli film portés par 2 acteurs attachants dont la belle Rashida Jones qui nous fait découvrir une autre facette de sa personnalité. J’espère que ce film aura la chance d’être distribué en France.