La Grande Evasion John Sturges - 1963
Après un truc comme Holy Motors faut vite voir un film qui nous rappelle que le cinéma c'est pas que des trucs pour autiste donc autant choisir un film de chevet. La liste des films que j'ai vu plus d'une dizaine de fois est vraiment pas longue et encore plus quand c'est un film que je peux encore revoir et la Grande Evasion fait parti de cette petite liste, j'ai grandit avec, je lui trouve strictement aucun défaut et je le trouve même plus abouti que la Rivière Kwai qui a une renommé un peu plus prestigieuse (oscar, Lean, toussa).
Sturges pour moi c'est le plus grand réal de blockbuster de l'époque, ses westerns je les aime presque tous, les 7 mercenaires en tête bien évidemment et ici au vu du sujet et du casting c'est impossible d'être déçu, c'est vraiment du divertissement populaire comme en faisait à l'époque c'est à dire sans Nolan, sans CGI, sans super héros et sans 3D, le rêve absolu et c'était pas vendu comme le chef d'oeuvre de l'année. En plus ça dure 2h50, le genre de durée aujourd'hui je vois ça je me déplace même pas en salle tellement les blockbuster de 2h sont devenu une plaie mais ici on a rarement vu un film de cette durée aussi bien rythmé.
L'histoire est tiré d'un livre autobiographique, bon c'est surement fortement romancé et le personnage de McQueen a été rajouté pour avoir un peu plus de péripétie et de coolatitude ( Ah McQueen et sa balle de baseball ), mais Sturges qu'on a souvent catalogué de yesman ( haut de gamme tout de même ) prouve ici qu'il était mieux que ça, c'est lui qui a amené le projet et c'est lui qui a adapté le roman.
En terme de gestion du rythme comme dit plus haut je trouve que c'est LE film d'évasion parfait et même plus encore, le film a pas commencé depuis 5 minutes qu'on essaye déjà de se faire la malle, faut dire que tout les as de l'évasion se retrouve au même endroit. Et tout ces personnages sont caractérisé en 30 secondes, ainsi en 1 geste ou 1 ligne de dialogue on sait qui va faire quoi ).
Toute la partie préparation de l'évasion est vraiment minutieuse ( bon c'est pas le Trou mais c'est bien détaillé, d'ailleurs le Trou fait partie des inspirations de Sturges pour ce film, ainsi que la Grande Illusion ) et captivante, ça explique chaque détail et tout le monde a un rôle à jouer, rare sont les films qui n'oublit aucun personnage en cours de route comme ça.
L'évasion en elle même est tendue bien comme il faut entre pétage de plomb de Bronson ( le creuseur de tunnel claustrophobe et c'est d'ailleurs marrant de voir que comme pour le perso de Pleasance plus la liberté approche plus leurs handicaps devient gênant ) et la coupure de courant et puis les 45 dernières minutes qui nous montre le sort de chaque évadé est vraiment excellente ( et gamin j'étais toujours content de voir que c'était mes 2 persos préférés qui étaient les seuls à s'en sortir ).
Le film évite aussi d'être manichéen, alors oui y a des méchants allemands mais on sent un respect avec le colonel du camp (et la première scène où il bazarde le salut nazi annonce la couleur).
Alors bien entendu la mise en scène de Sturges est pas marquante ou inventive, il se contente souvent de poser sa caméra ( c'est bien cadré quand même ) et de filmé en plan séquence mais on a le morceau de bravoure totalement gratuit made in Steve McQueen qui fait plaisir ( scène bien entendu devenu aussi culte que celle de Bullit ), ce qui est appréciable dans le film c'est aussi la dramatisation de certains passages, Sturges aurait pu y aller à fond dans le pathos mais il fait ça avec beaucoup de distanciation appréciable, la mort de Ives qui arrive après le moment le plus drôle du film est une merveilleuse séquence, car Ives c'est un perso qui paye pas de mine mais qui se révèle très vite attachant et sa fin toute en sobriété est réellement touchante.
Le gros atout du film est clairement son casting qui a un gros coté bande de pote mais on se rend compte que les personnages ont très peu le sens de la camaraderie mais que ça évolue pendant le film et que ça marche un peu par duo.
Sturges réutilise 3 des mercenaires ( les meilleurs en plus ) avec McQueen ( dans un rôle prévu au départ pour Widmark ) qui trouve peut être ici son rôle le plus cool dans sa longue liste de rôle cool, Bronson et Coburn on a un merveilleux trio 100% tough guy ( dommage que Coburn ait pas plus de scènes d'ailleurs ) quand en plus on rajoute James Garner ( je suis pas trop fan mais c'est chez Sturges qu'il a trouvé ses meilleurs rôles entre celui là et Wyatt Earp ), Donald Pleasance, Richard Attenborough et Gordon Jackson, on est clairement devant un casting allstar.
La BO de Bernstein colle parfaitement aux images et est indissociable du film, le thème martial principal est inoubliable.
Un film dont je me lasserais jamais et à chaque fois que je le regarde j'ai toujours espoir que Donald Pleasance s'en sorte. Vivement le remake !!
"I'm going... out."
10/10