10 000 |
Réalisé par Roland Emmerich
Avec Steven Strait, Camilla Belle, Cliff Curtis
Aventure/histoire, USA, 1h49 - 2008 |
1.5/10 |
Résumé : 10 000 ans avant notre ère, au coeur des montagnes... Le jeune chasseur D'Leh aime d'amour tendre la belle Evolet, une orpheline que sa tribu recueillit quelques années plus tôt. Lorsque celle-ci est enlevée par une bande de pillards, D'Leh se lance à sa rescousse à la tête d'une poignée de chasseurs de mammouths. Le groupe, franchissant pour la première fois les limites de son territoire, entame un long périple à travers des terres infestées de monstres, et découvre des civilisations dont il ne soupçonnait pas l'existence. Au fil de ces rencontres, d'autres tribus, spoliées et asservies, se joignent à D'Leh et ses hommes, finissant par constituer une petite armée. Au terme de leur voyage, D'Leh et les siens découvrent un empire inconnu, hérissé d'immenses pyramides dédiées à un dieu vivant, tyrannique et sanguinaire. Le jeune chasseur comprend alors que sa mission n'est pas seulement de sauver Evolet, mais la civilisation tout entière.
Même crade elle est jolie
La seule qualité du film : la photographie. Heureusement d'ailleurs, pour les 75 millions qu'il a coûté : c'est la Guerre du feu du riche, les qualités en moins. Sinon, l'unique objectif du film, selon les aveux du réalisateur spécialiste du grand spectacle, est de nous procurer une aventure avec la préhistoire comme toile de fond. En gros, ça aurait pu se produire à n'importe quel moment : un héros providentiel, sa copine et son peuple enlevés par des esclavagistes, un voyage initiatique qui va lui faire rencontrer un tas d'amis et lui faire affronter quelques méchantes bestioles, à la fin il libère carrément tout un peuple presque à lui tout seul, et je ne parle même pas de l'allusion indirecte avec les théories aryennes (la prophétie parle d'une fille aux yeux bleus, que l'actrice n'a même pas : elle porte des lentilles). Cette histoire est non seulement banale et mal écrite, mais en plus, bourrée d'incohérences historiques et géographiques : il est impossible de rencontrer autant de peuples différents en aussi peu de temps ; certaines créatures n'existaient plus (par exemple, le tigre à dents de sabre), et si elles existaient encore, certainement pas à la même taille ni en ces endroits-là (faire apparaître un Mammouth en plein désert, c'est très fort) ; enfin les Pyramides n'ont pas été construites en 10 000 AV JC, mais 7000 ans après (la théorie sur laquelle se repose le réalisateur est basée sur un historien très controversé qui pense que les pharaons ont un lien avec Atlantide, et auraient construit leurs pyramides sur le modèle d'une constellation d'étoiles), dont l'homme-Dieu qui est à leur tête de ce peuple ressemble fortement aux goa'ulds de Stargate, et les céréales distribuées à la fin et la culture qui en résulte n'ont été découvertes qu'au seizième siècle.
Est-ce qu'au moins c'est divertissant ? La réponse est non, et pourtant je suis friand de films épiques. C'est bien simple, je n'ai ressenti aucune tension dramatique, et tout est édulcoré (même le drame final est renversé en un dénouement improbable) au maximum comme dans un Disney. Le parfait anglais et la coupe rasta du peuple du début, ainsi que la voix off marmonnante du vieillard plombant l'ambiance y sont pour beaucoup. C'est dommage, car même sans être respectueux du background historique, il existe plusieurs références intéressantes dans le genre comme Rahan ou Les enfants de la terre. Pour moi, seuls les costumes des différents peuples sont réussis, donnant une vague impression qu'une histoire est derrière eux. Mais la naïveté (je devrais plutôt dire niaiserie) du récit, et surtout la manière dont celle-ci est traitée, avec le héros parlant avec les bêtes, et faisant ami-ami avec les autres peuples grâce à une soit-disante prophétie l'annonçant comme le libérateur, arrache toute lueur d'espoir d'un quelconque intérêt. J'ai l'impression que Emmerich a voulu faire un anti-Apocalyptico, en remplaçant ce survival du chacun pour soi, par un hymne à la nature et à l'entre-aide contre l'oppresseur commun. Mais ce dernier avait au moins l'intérêt d'être crédible, et surtout n'était pas niais.
Un désastre artistique, historique, et narratif, qui se voit au moins doté d'une belle photographie et de beaux costumes, comme d'habitude avec Emmerich.