Blade 2 transcende carrément
Blade 1, sur tous les niveaux. Une brève introduction nous remet dans le bain, et met à égalité ceux qui n'ont pas vu le premier. C'est bien mieux réalisé, et certains effets spéciaux semblent avoir été repris de
Spider-Man (par exemple, les angles dynamiques des caméras pendant les sauts de Blade) ou de
Matrix. Le script est mince : les vampires s'allient avec Blade pour chasser ensemble un super-prédateur qui fauche autant les humains que les vampires, avec un petit twist final sympathique. Mais nous n'allons pas bouder notre plaisir, car les qualités de ce nouveau opus sont nombreuses. Il y a d'abord l'ambiance bad-ass qui règne entre Blade et le Blood-Pack, groupe armé de vampires faisant fortement penser à
Aliens (le super-prédateur aussi d'ailleurs). Ils se vannent, se font des coups vicieux. Puis ils ont vraiment la classe : leur look, leur dégaine, leur manière de se battre. Le casting des vampires est d'ailleurs d'enfer, comptant parmi eux les excellents Donnie Yen et Ron Pearlman, puis aussi la très mignonne et convaincante Léonor Varela. Ils se la pètent tous, mais je trouve que ça fait partie de l'identité des
Blade (par exemple : le plan iconique où Blade chope au vol ses lunettes de soleil, comme dans le premier, et qui ne quitteront plus son nez). Ensuite, il y a l'esthétique globale mélangeant sans fausse note, dans une photographie impeccable, fantasy urbaine, gothique et cyber-punk : garage, église, boite de nuits (où on aperçoit, dans la continuité du premier, les frasques des vampires "impurs" : lignes de sang cristallisé et lames de métal sur la langue avant de s'embrasser), rues mal éclairées, égouts, banques du sang. Enfin, les combats sont vraiment stylés et chorégraphiés, montés de manière dynamique et lisible, et se lâchent bien sur la violence graphique. Les sfx s'intègrent cette fois-ci parfaitement à l'action. J'allais oublier la BO, vraiment excellente, alternant hip-hop et rock bien énervé. Bref, on prend vraiment son pied, et on se croirait dans un véritable comics ou un manga (exemple :
Ninja Scrolls), adapté de manière totalement personnelle.
En outre, un thème important est traité de manière explicite, et qui occupe le dernier tiers du film : les liens du sang, et par extension, la paternité. Ainsi, le chef des vampires préfère le pouvoir aux liens du sang, utilisant le clonage à ses propres fins. Puis, la paternité était déjà légèrement traitée dans le précédent
Blade, ce qui est du pain béni pour le réalisateur, car il s'agit pour lui d'une préoccupation continue (exemples : les figures paternelles de
Hellboy et du
Labyrinthe de pan). La question est relativement simple : où se trouve le père, dans les gènes, ou bien est-ce le mentor, la figure de confiance ? Ensuite, il y a aussi une fascination pour les monstres et leur mode de fonctionnement, comme en témoigne la dissection du super-prédateur qui dévoile ses points forts et ses points faibles, ce qui sera un atout pour ses poursuivants. Enfin, il y a une légère histoire d'amour qui s'inspire d'un mythe dont
Roméo et Juliette a donné ses lettres de noblesse, à savoir l'attirance de deux êtres qui n'appartiennent pas au même camp, mais traité ici à la sauce vampire : ainsi, le baiser est remplacé par le sang, et le poison salvateur, par le virus transmis par le super-prédateur et les brûlures du soleil.