The Crow |
Réalisé par Alex Proyas
avec Brandon Lee, Rochelle Davis, Ernie Hudson, Michael Wincott, Bai Ling
Fantastique, USA, 1h42- 1994 |
9/10 |
Résumé : un soir d’Halloween, Eric Draven et Shelly Webster sont sauvagement assassinés. Un an plus tard, un mystérieux corbeau ramène Eric d’entre les morts…
« Il y a longtemps, les gens croyaient que quand quelqu'un meurt, un corbeau emporte son âme jusqu'au pays des morts. Parfois, quand quelque chose de trop horrible s'est passé, l'âme emporte avec elle une immense tristesse, et elle ne peut trouver le repos. Alors quelques fois, et seulement quelques fois, le corbeau peut faire revenir cette âme pour que le Bien reprenne ses droits sur le Mal. »
N’ayant jamais lu le comics dont il est inspiré, je ne saurais dire si The Crow est une bonne ou une mauvaise adaptation. Ce dont je suis certaine, c’est qu’Alex Proyas maîtrise l’art d’immerger le spectateur au cœur de son film et d’insuffler une ambiance, car The Crow est indéniablement une histoire de vengeance à l’atmosphère envoutante emprunte de noirceur gothique, de macabre et d’accents poétiques et romantiques.
Cette vengeance d’outre-tombe, au scénario plus que basique et à la réalisation clipesque parfois déstabilisante est littéralement transcendée par ses ambiances nocturnes stylisées, sa bande originale portée par Graeme Revell, Cure « Burn », Machine of Loving Grace « Golgotha Tenement Blues » ou Nine Inch Nails « Dead Souls », et ses interprètes. La pluie incessante qui tombe sur Détroit, ville sinistre ravagée par la violence reflète la profonde tristesse d’Eric Draven. Les flashbacks sur les moments de bonheur de Shelly et Eric, l’histoire en partie contée du point de vue de Sarah, sont des choix judicieux et émouvants qui apportent une dimension mélancolique au film. Un film quasiment en dégradé de noir et de gris avec des couleurs presque uniquement réservées aux feux qui ravagent Détroit, ainsi qu’aux flashbacks (rouge pour la vie ou le bonheur et bleu pour la douleur et la mort).
Brandon Lee est parfait dans le rôle d’Eric Draven dont il incarne à merveille la dualité, entre chagrin lancinant et détermination vengeresse, entre lumière et ténèbres. Il parvient à retranscrire la détresse émotionnelle et la douleur du personnage tout en campant un esprit vengeur dangereux et sur de lui. Il apporte une aura charismatique à cet anti-héro qui arpente les voies sombres de la revanche. Le reste du casting est également impeccable. Notamment Rochelle Davis dans le rôle de Sarah, enfant de la rue qui guide le spectateur dans les méandres délabrées de cette cité sans espoir. Elle est le « cœur » du film, la petite sœur par adoption, tout comme Ernie Hudson dans le rôle d’Albrecht, en est le gardien de la loi désabusé et sympathique. Michael Wincott tient là sa meilleure prestation dans le rôle de Top Dollar, à la fois machiavélique et blasé, assisté de sa troublante demi- sœur interprétée par Bai Ling. Les quatre membres du gang d’abrutis déjantés à la solde de Top Dollar sont également très bien interprétés.
Alex Proyas nous plonge dans une belle et tragique histoire d’amour sur fond de vengeance et de violences urbaines.