Fight Club |
Réalisé par David Fincher
Avec Brad Pitt, Edward Norton, Helena Bonham Carter
Thriller-Drame, USA, 2h19- 1999 |
6,5/10 |
J’ai découvert le film lors de sa sortie en DVD et il m’a laissé vraiment dubitative à l’égard de son statut de film culte, voir de chef-d’œuvre. Un de mes amis m’ayant offert le Blu Ray (on se demande pourquoi !), j’ai décidé de lui donner une seconde chance et force est de constater que ma première impression est restée la même, plus de 10 ans plus tard.
Qu'est-ce que Fight Club ?Un film flashback, sur les déboires d’un trentenaire pas content de sa vie solitaire préfabriquée par la société et qui ne s’assume plus.
Une œuvre qui oscille entre anarchisme, mégalomanie, fantasme, schizophrénie, satire, nihilisme, extravagance et baliverne. En somme un vaste foutoir qui se reflète dans le Projet Chaos, et une réflexion sur le matérialisme, sur le consumérisme, sur l’être et le paraître qui domine notre société, qui ne serait pas dénuée d’intérêt, si elle n’était empaquetée dans un emballage toc et tapageur complètement volontaire et sarcastique qui anéanti cependant, à mon sens toutes les thématiques abordées, les dépouillant de leur sérieux. Paradoxalement, je m’ennuie devant ce film, alors qu’il se passe toujours quelque chose à l’écran, car le sujet ne me touche pas, ne me parle pas, en fait, il ne m’interpelle pas. Tout au plus je regarde Fight Club d’un regard légèrement amusé par les dialogues ou les répliques incisifs lancées sur le mode de la dérision et qui souvent sonnent juste.
Quelques points m’agace prodigieusement dans Fight Club : - En premier lieu, cette narration en voix off qui m’irrite vraiment, tant elle ne serre à rien, si ce n’est à nous marteler ce que nous voyons déjà à l’écran. Monsieur Fincher, j’ai des yeux, merci de ne pas me prendre pour une andouille ! De toute façon, cette remarque est valable pour quasiment tous les films avec voix off, rares sont les réalisateurs qui en font un usage efficient.
- En second lieu, la présence d’Helena Bonham Carter au générique. C’est viscérale, je ne la supporte pas quelque soit le film. Chaque scène avec Marla me crispe.
- Enfin, l’interprétation tout en cabotinage de Brad Pitt m’insupporte et même si elle est nécessaire au ton cynique du film, elle ne contribue qu’à me faire sortir un peu plus d’une histoire, dans laquelle je n’arrivais déjà pas vraiment à entrer.
Soi-disant un rôle pour casser son image de « beau gosse », nom mais franchement, il n’y pas plus top model que Tyler Durden. Normal, puisqu’il représente le fantasme du narrateur. Un personnage si outrancier, si parodique, si extravagant et si obscur que j’ai deviné quasiment dès son apparition, qu’il ne pouvait être qu’une projection sombre de l’esprit torturé et déprimé du narrateur. Il faut dire que le coup du savon à la graisse, ça aide ! De ce point de vue là, le film ne m’a aucunement surprise. Ce dont je suis certaine, c’est que Fight Club était assurément un film en avance sur son temps, puisqu’il a inventé le bling-bling en la personne de la fantasmagorie Tyler Durden et que cette notion envahit notre société depuis quelques années.
Fight Club, c’est une fantaisie très second degré qui se moque d’un système auquel le cinéma appartient et qui ironise sur son propre placement publicitaire, dont les images subliminales qui s’imposent à notre cerveau, sans que l’on en soit conscient, sont la plus forte expression. Un film qui ressemble délibérément à ce qu’il veut dénoncer. Une thématique à laquelle je n’arrive pas à accrocher, tant je ne me sens pas concernée. Le film est selon les propres termes de son réalisateur, une blague. Assurément, mais pas de celles qui me font pleurer de rire ou qui me choque à cause de la violence verbale ou physique, juste de celles dont je souris poliment.
Reste une technique irréprochable, avec une photographie sublime, une musique immersive. D’ailleurs, la musique c’est le seul élément qui a réussi un temps soit peu à me plonger dans l’histoire. Ajouter à cela, une belle mise en scène alternant travellings et vues panoramiques, comme autant de va et vient dans les méandres du cerveau torturé du narrateur. Et surtout l’interprétation d’Edward Norton qui nous montre une fois de plus toute l’étendue de son talent. Son personnage nous plonge littéralement au cœur de la « mécanique » de la schizophrénie. Une aventure intérieure pour se redéfinir en tant qu’individu maître de sa vie et non plus aveuglé par les appâts de la société.
Je peux comprendre le plaisir de la découverte généré par ce film, mais je trouve que l’impact du film ce délite avec les visionnages. Pour ma part, il n’y en a eu que deux et ça me suffira amplement. Et puis je suis ce conseil qui sert de préambule :
« Si vous lisez ceci, alors cet avertissement est pour vous. Chaque mot que vous lisez de ce texte inutile est une autre seconde perdue dans votre vie. N’avez-vous rien d’autre à faire ? Votre vie est-elle si vide que, honnêtement, vous ne puissiez penser à une meilleure manière de passer ces moments ? Ou êtes-vous si impressionné par l’autorité que vous donnez votre respect et vouez votre foi à tous ceux qui s’en réclament ? Lisez-vous tout ce que vous êtes supposés lire ? Pensez-vous tout ce que vous êtes supposés penser ? Achetez-vous ce que l’on vous dit d’acheter ? Sortez de votre appartement. Allez à la rencontre du sexe opposé. Arrêtez le shopping excessif et la masturbation. Quittez votre travail. Commencez à vous battre. Prouvez que vous êtes en vie. Si vous ne revendiquez pas votre humanité, vous deviendrez une statistique. Vous êtes prévenu... » Donc perdre son temps à voir
Fight Club, rien qu’une fois, c’est déjà n’avoir pas de vie…et ne savoir qu’en faire.
Un film culte pour une génération qui ne trouvait pas ses repères, pour d’autres un divertissement punchy, génial et une réflexion sur la société, pour moi, un film juste ludique qui explore quelques thèmes sur le mode de la dérision et qui me paraît vraiment long.
La seule chose qui me fait vraiment exploser de rire à propos de Fight Club, c’est d’entendre, certains de mes petits cousins adolescents et leurs copains, vanter la profondeur et la puissance du film, combien il faut être anti conformiste, révolutionner la société, la remuer, que c’est tout à fait leur philosophie de la vie… tout en pianotant sur leur téléphone portable high-tech qu’ils ne sauraient quitter une seconde sous peine de sensation no-life, dans leurs vêtements « griffés » et avec leur coupe style « mini vague » qui doit demander des heures de brushing le matin.