Harry Potter et les reliques de la mort - 1ère partiede David Yates
Yates rempile pour la troisième fois à la réalisation de ce nouvel opus, mais il manque un petit quelque chose pour combler totalement les fans... Cette fois l'excuse de la durée ne tient plus. Si pour les films n°5 et 6 on pouvait comprendre que le condensé de ces deux immenses pavés en films de 2 heures et quelques nécessitaient abondance de coupes, ici les coupes sont plus rares. Quasiment toutes les péripéties du livre sont présentes, et pourtant, il y a toujours un goût d'inachevé dans cette adaptation.
Peut-être est-ce dû à une absence de méticulosité concernant les détails, car si les grandes lignes et étapes sont là, il manque à chaque scène un détail, un événement, un rythme qui s'imposait dans le livre.
Si on n'a pas lu le livre (ou pas relu récemment comme moi), on peut peut-être faire abstraction de ces éléments, ou au contraire être perturbé par les ellipses. Au final il reste un épisode plutôt bien fait, mais au rythme bizarre, parfois trop lancinant, parfois trop rapide dans l'enchainement des situations. En effet la temporalité n'est pas toujours bien rendue.
Comme par exemple pour "l'assaut" du ministère de la magie, on ne sent pas les semaines de préparation du plan et la galère que ça représente. Dès qu'un personnage lance l'idée, au plan suivant l'action commence... Raccourcis scénaristiques faciles et pas toujours bien gérés.
D'ailleurs cette scène de l'incursion dans le ministère est plutôt bien faite en elle-même, avec du suspense, une petite référence au Brazil de Gilliam (le côté bureaucratie dictatoriale dans le bureau où on travaille à la chaine), et un autre petit gag ressemblant à celui où les journaux s'envolent et avalent De Niro dans le film de Gilliam.
L'Horcruxe maudit en forme de médaillon qui change les comportements rappelle un petit peu l'anneau dans la trilogie de PJ, bref les références sont multiples, mais jamais exagérées.
On peut aussi regretter (et ça se confirmera dans la 2ème partie, une certaine confusion d'explications concernant pas mal de détails souvent importants. Par exemple le fait qu'il existe une trace dès qu'on prononce le nom de Voldemort, et qui peut ainsi envoyer ses sbires sur place vérifier qui est l'impudent... Détail qui trahit la petite troupe en fuite au début du film dans le café londonien, mais qu'ignorent les héros jusqu'à un moment avancé du livre. Or à partir des scènes dans les bois, Harry se met à dire "tu-sais-qui" au lieu de Voldemort alors que ça ne 'lavait gêné jusqu'ici... on a l'explication dans le livre mais pas ici.
Tout de même, la partie fuite en avant tranche radicalement avec les autres films, on quitte complètement le décrors habituel de Poudlard, et notre bande de héros est complètement larguée: sans savoir précisément quoi chercher et encore moins où...
Un des éléments majeurs du livre a complètement été écarté des films: la remise en question totale de l'intégrité de Dumbledore et son passé trouble, sa famille, sa soif de pouvoir et son amitié avec un autre sorcier noir célèbre ayant précédé Voldemort.
Rayon visuel comme toujours avec les gros moyens le film tient son rang haut-la-main... effets spéciaux parfaits, superbe photo, mais extrèmement sombre, beaucoup de scènes nocturnes dans le film.
Niveau musique après Williams (1-2-3), Doyle (4) et Hooper (5 et 6) c'est le frenchie Alexandre Desplat qui s'y colle. J'en attendais mieux, il compose une musique très fonctionnelle, qui se fond dans l'action et accompagne parfaitement le film, mais qui manque radicalement de personalité.
Enfin le film contient le conte des trois frères (pas Les inconnus hein) raconté en animation, et carrément superbe.
Un film presque transitoire, mais étape nécessaire vers le grand final.
7/10