American History X |
Réalisé par Tony Kaye
Avec Edward Norton, Edward Furlong, Elliott Gould Drame, USA, 1h59 - 1999 |
7.5/10 |
SynopsisA travers l'histoire d'une famille américaine, ce film tente d'expliquer l'origine du racisme et de l'extrémisme aux États-Unis. Il raconte l'histoire de Derek qui, voulant venger la mort de son père, abattu par un dealer noir, a épousé les thèses racistes d'un groupuscule de militants d'extrême droite et s'est mis au service de son leader, brutal théoricien prônant la suprématie de la race blanche. Ces théories le mèneront à commettre un double meurtre entrainant son jeune frère, Danny, dans la spirale de la haine.
CritiqueFilm assez casse gueule sur le racisme réalisé par Tony Kaye qui pêche un peu par sa réalisation clipesque et facile mais un casting brillant.
Kaye mélange donc des images en couleurs correspondant au retour de Derek Vinyard chez lui après son séjour en prison et des images en noir et blanc correspondant à la phase pré-prison. Et en fait, le passage du noir et blanc à la couleur symbolise le changement de mentalité du personnage qui passe d'un raciste nazi extrémiste à un jeune ayant une nouvelle vision de vie dépourvu de haine.
Edward Norton est assez méconnaissable, tatoué de façon assez provocante avec une jolie croix gammée voyante et autres symboles nazis, crane rasé et aux idées extrêmes adulant le racisme.
Étrangement le réalisateur nous montre son personnage jeune à 15-16 ans où ces idées lui étaient complétement étrangères et on le retrouve métamorphosé quelques années plus tard en skin head affirmé, mais le réalisateur n'explique pas complétement le parcours qui a transformé un ado lambda en facho de première, il ne nous donne que quelques indices.
Norton tient ici un grand rôle avec prestance et un charisme énorme, et c'est évident que cet acteur caméléon a une grande palette artistique et sait jouer dans pas mal de registres avec beaucoup de talent. Ici, il retrouve sa stature de "fight club" avec muscles saillants et regard imposant.
Edward Furlong est habité par son personnage avec une interprétation mature et exemplaire du petit frère qui suit les traces de son grand frère empli d'admiration pour lui. Personnage encore plus touchant quand on voit ce que ce jeune acteur prometteur est devenu au fil des années, un camé de première et qui donc a eu de mauvaises influences dans sa vie et n'a pas su s'en détacher contrairement à son personnage.
Ce film est une belle leçon de vie et livre un scénario touchant et travaillé sans exagérations avec la rédemption de Derek Vinyard qui à la fois par son expérience en taule et les réflexions de son prof, Bob Sweeney et va se remettre en question à savoir si ses agissements racistes (meutres et violence envers noirs et juifs...) lui ont apporté quelque chose de positif dans la vie.
La réponse est évidente et Derek mettra du temps à passer de l'autre coté du miroir et à ne plus ressentir la haine qui le hantait depuis des années. Déjà, l'histoire de Derek est touchante et crédible, même si le réalisateur ne souhaite pas trop s'attarder sur les pensées profondes de Derek.
La période prison de Derek est intéressante car c'est vrai qu'il est position d'infériorité alors qu'à extérieur c'était lui qui était en position de force, et il assiste et subit les mêmes actes violents, racistes et gratuits qu'il a pu faire dans son passé.
Mais, après s’être sauvé de son ancienne vie, Derek doit surmonter une autre épreuve, sauver son frère Danny qui est à fond dans son trip nazi et qui prend même chemin que lui. Et ôter les idées qu'il a ressasser pendant des années et les renier à jamais et imposer une vision opposées à son petit frère n'est pas chose facile.
Danny est un peu perplexe et ne sait pas s'il doit écouter et suivre les propos de son mentor de toujours son frères ou plutôt ceux de ses potes nazis. Derek est face à un ado à la dérive qui a un esprit encore malléable mais aux actions imprévisibles et il doit faire dans la délicatesse et la subtilité pour tenter d'effacer sa mauvaise influence du passé et le relancer sur de nouvelles bases.
Film dur et réaliste avec une fin peu optimiste mais réussie qui nous montre qu'on sera toujours confronté au racisme et à la haine même si de son coté on a essayé de l'effacer.
Le discours est subtil, certaines scènes sont dures visuellement et on a envie de se révolter devant les actes de violence des skinheads néonazis primaires qui ne voient pas plus loin que le bout de leur nez et entretiennent la guerre des gangs et la spirale de la haine raciale.
L'intrigue est fascinante et bouleversante abordant la rédemption de deux êtres dont l'une découle forcement de l'autre donnant un film puissant servi par deux prestations exceptionnelles et très peu de fausses notes.